
Contrairement à l’idée reçue, les cours de tronc commun ne sont pas des obstacles, mais le système d’exploitation sur lequel votre carrière de gestionnaire sera bâtie.
- La philosophie et les mathématiques installent l’architecture logique nécessaire pour déconstruire les problèmes d’affaires complexes.
- La rédaction et l’histoire ne sont pas de la « culture », mais des compétences pour traduire cette complexité en stratégies et en récits convaincants.
Recommandation : Traitez chaque cours fondamental non comme une obligation, mais comme l’installation d’une application maîtresse de votre futur leadership.
Vous êtes assis dans votre premier cours de philosophie au Cégep, le regard perdu, vous demandant quel est le rapport entre Platon et le plan de carrière ambitieux que vous vous êtes fixé. C’est un sentiment partagé par de nombreux étudiants brillants, persuadés que ces cours de formation générale sont des obstacles inutiles, un impôt académique sur le chemin de l’efficacité et du savoir « utile ». L’idée dominante est qu’il faut se spécialiser vite, accumuler des compétences techniques, et que le reste n’est que de la « culture » superflue, un luxe pour un monde qui n’attend pas.
Cette vision, bien que compréhensible, repose sur une erreur fondamentale. Elle confond l’application et le système d’exploitation. Apprendre un logiciel de gestion ou une technique marketing, c’est installer une application. Mais que se passe-t-il lorsque cette application devient obsolète ? Si la véritable clé n’était pas d’accumuler des applications périssables, mais de construire un système d’exploitation mental puissant, capable de faire tourner n’importe quelle application future et même d’en créer de nouvelles ? La formation fondamentale en sciences humaines n’est pas un supplément d’âme ; elle est l’installation de ce noyau cognitif.
Cet article va vous démontrer, point par point, comment chaque brique de cette formation, souvent perçue comme abstraite, est en réalité l’investissement le plus stratégique et le plus rentable pour une carrière de gestionnaire au Québec. Nous déconstruirons le mythe de « l’inutilité » pour révéler la puissance cachée derrière la philosophie, la littérature et même ces cours de mathématiques qui vous semblent si lointains. Vous découvrirez que les compétences les plus recherchées par les PDG ne sont pas techniques, mais profondément humaines.
Cet article vous guidera à travers les compétences concrètes que vous développez sans même vous en rendre compte, et comment elles constituent un avantage compétitif décisif dans le monde du travail. Le sommaire ci-dessous vous présente les étapes de cette démonstration.
Sommaire : Comment la formation générale forge les leaders de demain au Québec
- Comment les cours de philo du Cégep vous préparent-ils à résoudre des problèmes complexes en entreprise ?
- Comment passer au travers des cours de mathématiques de base quand on a un profil littéraire ?
- Rédaction et synthèse : pourquoi ces compétences de base sont-elles les plus demandées par les PDG ?
- L’erreur de négliger les cours « plate » de première année qui plombent votre moyenne pour 3 ans
- Quand utiliser vos connaissances en histoire pour briller lors d’une entrevue d’embauche ?
- L’erreur de sous-estimer la charge de lecture qui coule 25% des nouveaux admis en sciences humaines
- Pourquoi rester au Québec après vos études contribue-t-il plus à la société que de partir aux USA ?
- Pourquoi votre cerveau est-il la ressource naturelle la plus précieuse du Québec moderne ?
Comment les cours de philo du Cégep vous préparent-ils à résoudre des problèmes complexes en entreprise ?
La philosophie est souvent perçue comme l’antithèse du monde pragmatique de l’entreprise. C’est une erreur de perspective. La philosophie n’est pas un contenu, c’est une méthode. Elle ne vous apprend pas des faits, mais vous enseigne à construire une architecture de la pensée. Un gestionnaire passe sa journée à trancher dans l’incertitude, à évaluer des arguments contradictoires et à déceler les failles d’un raisonnement. Ce n’est rien d’autre qu’un exercice philosophique appliqué à un bilan financier ou à une stratégie marketing.
L’entraînement à la dissertation philosophique vous force à définir des concepts avec précision, à structurer une argumentation, à anticiper les objections et à synthétiser des idées complexes. Ces compétences sont directement transposables au management. Quand un collaborateur vous présente un projet, votre formation vous pousse à demander : « Quels sont les postulats de base de ton analyse ? As-tu considéré les conséquences de second ordre ? Ton argumentation est-elle solide ou repose-t-elle sur des corrélations faibles ? ». Vous ne récitez pas Kant, vous appliquez une méthode pour élever la qualité de la décision collective.

Comme le montre cette session de travail, le cœur du management n’est pas de donner des ordres, mais de poser les bonnes questions. Les techniques philosophiques sont des outils concrets pour naviguer la complexité humaine et stratégique de toute organisation.
- Technique socratique du questionnement : Poser la bonne question qui fera monter le niveau de discussion et emmènera les collaborateurs au bon niveau de réflexion pour faire émerger les vrais enjeux.
- Méthode de l’argumentation structurée : Appliquer la rigueur de construction d’une preuve philosophique à l’analyse des plans d’affaires et des stratégies marketing.
- Approche éthique comparative : Utiliser les cadres kantien et utilitariste pour analyser les dilemmes managériaux complexes comme la délocalisation, l’impact environnemental ou les conflits sociaux.
Finalement, la philosophie vous donne un recul essentiel. Elle vous apprend que la plupart des problèmes ne sont pas techniques, mais humains, conceptuels ou éthiques. C’est cette capacité à voir au-delà de la surface qui distingue un simple exécutant d’un véritable leader stratégique.
Comment passer au travers des cours de mathématiques de base quand on a un profil littéraire ?
Pour un esprit passionné par les mots et les idées, un cours de calcul différentiel peut sembler être une forme de torture intellectuelle, une abstraction dénuée de sens et de beauté. La clé pour surmonter cet obstacle n’est pas de « s’endurcir », mais de changer de perspective. Les mathématiques ne sont pas qu’une suite de chiffres et de formules ; elles sont un langage pur, un système de logique et d’argumentation. C’est le même exercice que l’analyse littéraire ou la construction d’un argumentaire philosophique, mais avec des symboles différents.
Considérez la construction d’une preuve mathématique. Elle exige une rigueur, une cohérence et une structure étape par étape qui sont identiques à celles requises pour bâtir une argumentation textuelle sans faille. Décomposer un problème mathématique complexe en sous-problèmes plus simples est la même compétence que de faire l’analyse structurale d’un roman de Dostoïevski. L’objectif est de trouver la structure logique cachée sous la surface apparente.
Au lieu de voir les mathématiques comme un ennemi, voyez-les comme un entraînement à la pensée structurée sous une autre forme. Cette gymnastique mentale renforce votre capacité à organiser des informations, à identifier des modèles et à construire des raisonnements étanches. Un gestionnaire qui sait lire un bilan comptable avec la même rigueur critique qu’un poème de Baudelaire possède un avantage immense. Le tableau suivant met en lumière ces parallèles surprenants.
| Compétence littéraire | Application mathématique | Utilité en gestion |
|---|---|---|
| Construction d’une argumentation | Construction d’une preuve mathématique | Élaboration de business cases |
| Analyse structurale d’un texte | Décomposition d’un problème complexe | Analyse SWOT structurée |
| Synthèse de sources multiples | Intégration de données diverses | Tableaux de bord intégrés |
Étude de cas : Les ressources d’aide en mathématiques dans les cégeps québécois
Conscients de cette difficulté, les cégeps québécois ont développé des approches ciblées. Le Cégep de Rimouski, par exemple, propose des ateliers de soutien et un service d’aide pédagogique individuelle qui ne se contentent pas de répéter la matière. Ils s’efforcent de présenter les mathématiques comme un langage logique, en faisant des ponts avec les compétences des étudiants littéraires. Des programmes comme Tremplin DEC permettent même d’acquérir les préalables manquants, reconnaissant que la maturité intellectuelle peut rendre ces concepts plus accessibles avec le temps.
Ne subissez pas les mathématiques. Abordez-les comme un code à déchiffrer, un système logique qui vient renforcer votre maîtrise du langage et de l’argumentation. C’est un outil de plus dans votre arsenal pour structurer la pensée.
Rédaction et synthèse : pourquoi ces compétences de base sont-elles les plus demandées par les PDG ?
Dans un monde saturé d’informations, la ressource la plus rare n’est pas la donnée, mais la clarté. Un PDG ou un comité de direction n’a pas le temps de lire des rapports de 100 pages ou d’écouter des présentations décousues. La compétence la plus précieuse est la capacité à traduire la complexité : transformer une masse d’informations brutes en un message clair, concis et stratégique. C’est précisément ce à quoi vous entraînent vos cours de littérature et de rédaction.
Chaque dissertation vous apprend à synthétiser des sources, à organiser des idées de manière hiérarchique et à formuler un argumentaire percutant. C’est la compétence de base de la « note exécutive » (executive summary), un document d’une page qui peut décider du sort d’un projet de plusieurs millions de dollars. Un gestionnaire qui ne sait pas écrire clairement est un gestionnaire qui ne sait pas penser clairement. De plus, dans le contexte québécois, cette maîtrise est non négociable. En effet, il est impératif que 100% des communications officielles au Québec respectent la Loi 101, ce qui exige une maîtrise parfaite de la langue française, bien au-delà de la simple absence de fautes.
Les compétences rédactionnelles se déploient sur plusieurs niveaux en entreprise, chacun correspondant à un niveau de responsabilité plus élevé :
- Niveau 1 – Rédaction claire : Produire des courriels, des rapports et des documents professionnels impeccables, sans faute et dans le respect du contexte légal et culturel québécois.
- Niveau 2 – Synthèse stratégique : Analyser une situation complexe et la résumer en une note d’une page pour une prise de décision rapide par la direction.
- Niveau 3 – Narration d’entreprise (Storytelling) : Construire le récit stratégique de l’entreprise, sa mission, sa vision. C’est cette compétence qui permet de mobiliser les équipes, de convaincre les investisseurs et de bâtir une marque forte.
Comme le disait le philosophe et pédagogue John Dewey, l’un des fondateurs du pragmatisme philosophique :
La philosophie montrerait sa vraie nature si elle cessait d’être un dispositif pour régler les problèmes des philosophes et qu’elle devenait une méthode, cultivée par les philosophes eux-mêmes, pour traiter les problèmes que rencontrent tous les hommes.
– John Dewey, Fondateur du pragmatisme philosophique
En remplaçant « philosophie » par « rédaction », l’idée reste la même. Votre capacité à manier le langage n’est pas un exercice académique ; c’est l’outil le plus puissant pour influencer, diriger et créer de la valeur.
L’erreur de négliger les cours « plate » de première année qui plombent votre moyenne pour 3 ans
Au-delà de l’argument sur la valeur intrinsèque des compétences, il existe une réalité froide, mathématique et incontournable : la Cote de rendement au collégial (Cote R). Vous pouvez avoir le projet de carrière le plus brillant, si votre Cote R ne vous ouvre pas les portes des programmes universitaires contingentés, ce projet restera une simple idée. L’erreur la plus commune et la plus dévastatrice est de sous-estimer l’impact des cours de première session, souvent perçus comme « plates » ou « faciles ».
Le système de la Cote R est cumulatif. Une mauvaise note dans un cours de tronc commun en première année pèse aussi lourd qu’une note dans un cours de spécialisation en dernière année. Pire encore, un mauvais départ est exponentiellement difficile à rattraper. Un étudiant qui vise un programme compétitif comme le droit, où il fallait par exemple une Cote R de 31,632 pour le dernier admis à l’Université de Montréal, ne peut se permettre aucune négligence.
Étude de cas : L’inertie de la Cote R
Le fonctionnement du calcul de la Cote R crée un effet d’inertie puissant. Prenons l’exemple concret d’une étudiante qui obtient une Cote R de 26 à sa première session. Pour atteindre une moyenne cumulative de 28 (un seuil souvent nécessaire pour de nombreux programmes contingentés), elle devra obtenir une Cote R de 30 à sa deuxième session. Or, l’écart de performance et d’effort entre 26 et 30 est énorme. Ce « saut » est extrêmement difficile à réaliser, ce qui démontre l’importance critique de viser l’excellence dès le premier jour.
Chaque cours de formation générale est une opportunité de construire votre Cote R. C’est la fondation de votre dossier académique. Négliger ces cours, c’est comme construire un édifice sur des fondations fragiles. La structure peut sembler tenir au début, mais elle s’effondrera sous la pression.

Voyez ces cours comme l’installation de votre système d’exploitation de base. S’il est instable ou mal installé, toutes les « applications » futures (vos cours de spécialité) fonctionneront mal ou ne s’installeront pas du tout. Chaque 100% obtenu dans un cours de philo ou de littérature est un investissement direct dans votre liberté de choisir votre avenir.
Quand utiliser vos connaissances en histoire pour briller lors d’une entrevue d’embauche ?
L’histoire, pour beaucoup, est une liste de dates et de faits mémorisés. Pour un futur gestionnaire stratégique, c’est une base de données de modèles stratégiques, d’erreurs humaines et de transformations sociétales. L’utiliser en entrevue, ce n’est pas étaler sa culture, mais démontrer une profondeur d’analyse que les autres candidats n’ont pas. Il ne s’agit pas de citer Napoléon, mais de montrer que vous comprenez le contexte dans lequel l’entreprise évolue.
Le moment idéal pour mobiliser ces connaissances est en réponse à une question stratégique ou comportementale. Par exemple, si un recruteur vous demande « Comment aborderiez-vous la transformation numérique de notre entreprise ? », un candidat standard parlera de technologie. Un candidat avec une formation fondamentale peut proposer une analogie puissante.
Étude de cas : L’histoire économique du Québec comme référence stratégique
Un candidat à un poste de gestion au Québec peut impressionner un recruteur en comparant la transformation numérique actuelle d’une entreprise au passage de l’économie québécoise d’une économie basée sur les ressources naturelles à une économie du savoir, tel qu’il a été amorcé après la Révolution Tranquille. En faisant ce parallèle, le candidat ne montre pas seulement qu’il comprend le défi de l’entreprise, mais qu’il le situe dans une trajectoire historique et économique plus large, propre au Québec. Cela démontre une compréhension systémique et une hauteur de vue rares.
Cette approche est une preuve de votre capacité à penser de manière analogique et à voir les « patterns » invisibles pour les autres. Voici trois manières concrètes de le faire :
- Analogie historique locale : Utilisez l’histoire économique ou sociale du Québec pour contextualiser les défis d’une entreprise et proposer des solutions ancrées dans la réalité locale.
- Méthode historique appliquée : Face à une situation complexe, expliquez que votre réflexe, hérité de la méthode historique, est d’abord d’analyser la fiabilité des sources d’information, de distinguer corrélation et causalité, avant de sauter aux conclusions.
- Contexte géopolitique : Pour une entreprise qui exporte, montrez votre compréhension des relations historiques entre le Canada, le Québec et les marchés cibles, ce qui peut influencer les stratégies d’entrée sur le marché.
Plan d’action : Auditer votre bagage en sciences humaines pour une entrevue
- Points de contact : Listez 3 à 5 concepts, périodes historiques ou théories philosophiques que vous maîtrisez et qui pourraient avoir une pertinence métaphorique pour le secteur d’activité de l’entreprise.
- Collecte : Pour chaque concept, trouvez un exemple d’application concret. (Ex: « La dialectique thèse-antithèse-synthèse pour gérer un conflit entre deux départements. »)
- Cohérence : Confrontez vos exemples aux valeurs et au positionnement de l’entreprise. L’analogie doit servir la culture de l’entreprise, pas la contredire.
- Mémorabilité : Pour chaque analogie, préparez une phrase choc qui la résume de manière unique et mémorable, loin des clichés managériaux.
- Plan d’intégration : Identifiez les questions d’entrevue probables (« parlez-moi d’un défi complexe », « quelle est votre vision stratégique ») où vous pourrez insérer naturellement votre analogie.
L’erreur de sous-estimer la charge de lecture qui coule 25% des nouveaux admis en sciences humaines
L’une des transitions les plus brutales entre le secondaire et le Cégep, surtout en sciences humaines, est le volume et la densité de la lecture. La capacité à lire vite ne suffit pas ; il faut apprendre à lire de manière stratégique et critique. Le fameux « mur » que rencontrent de nombreux étudiants, menant à un taux d’échec élevé constaté notamment au premier cours de philosophie, n’est souvent pas un problème d’intelligence, mais de méthode. Sous-estimer cette charge de travail, c’est se préparer à l’échec.
Le secret n’est pas de lire plus, mais de lire mieux. Les cours de littérature et de philosophie sont un camp d’entraînement intensif à ces techniques de lecture avancée. Vous n’apprenez pas seulement à comprendre un texte, mais à le déconstruire, à dialoguer avec lui, et à le mettre en perspective avec d’autres. C’est une compétence fondamentale pour tout gestionnaire qui doit constamment absorber, filtrer et synthétiser des informations provenant de multiples sources (rapports, articles, études de marché, etc.).
Adopter des techniques de lecture professionnelles dès le début de votre Cégep vous donnera un avantage considérable, non seulement pour vos études, mais pour toute votre carrière. Voici quelques approches enseignées implicitement dans vos cours :
- Lecture structurale : Avant de lire la première page d’un livre ou d’un rapport, comprenez son architecture. Analysez la table des matières, l’introduction et la conclusion pour saisir la thèse principale et la structure de l’argumentation. C’est comme regarder la carte avant de s’engager sur un sentier.
- Lecture critique : Ne soyez pas un lecteur passif. Dialoguez avec le texte. Annotez-le, surlignez les arguments clés, questionnez les présupposés de l’auteur et identifiez les non-dits ou les points aveugles.
- Lecture syntopique : C’est le niveau le plus élevé. Il s’agit de lire plusieurs auteurs ou plusieurs rapports sur un même sujet, non pas pour les résumer un par un, mais pour créer une conversation entre eux. C’est en identifiant leurs points de convergence et de divergence que vous développerez votre propre synthèse originale et votre propre point de vue éclairé.
Maîtriser ces méthodes transforme la lecture d’une corvée en un acte stratégique de collecte d’intelligence. C’est une compétence qui vous servira chaque jour de votre vie professionnelle.
Pourquoi rester au Québec après vos études contribue-t-il plus à la société que de partir aux USA ?
La question de partir travailler à l’étranger, notamment aux États-Unis, après ses études est légitime. Les salaires peuvent sembler plus élevés, les opportunités plus vastes. Cependant, cette vision purement individuelle omet une dimension fondamentale : le contrat social implicite lié à notre système d’éducation. Au Québec, les études supérieures ne sont pas un simple bien de consommation. Grâce à un contrat social unique en Amérique du Nord, les frais de scolarité sont exceptionnellement bas, ce qui représente un investissement collectif majeur de la société québécoise dans votre potentiel.
Chaque diplômé est, en quelque sorte, le fruit d’un projet de société qui vise à rendre le savoir accessible au plus grand nombre, peu importe l’origine sociale. Comme le souligne Jenny Desrochers, porte-parole de l’UQAM, une institution emblématique de cette mission :
L’institution a été créée avec la mission de rendre accessibles les études universitaires. L’UQAM a toujours accueilli des étudiants au cheminement atypique.
– Jenny Desrochers, Porte-parole de l’UQAM
Choisir de bâtir sa carrière au Québec, c’est donc honorer cet investissement. C’est réinjecter dans l’écosystème local les compétences et le savoir qui ont été financés par la collectivité. Ce n’est pas un sacrifice, mais une opportunité stratégique. Votre compréhension intime de la culture, des institutions et des enjeux québécois est un avantage compétitif inestimable que vous ne pourrez jamais totalement répliquer à l’étranger.
Étude de cas : Les carrières où être Québécois est un atout majeur
Certains des postes les plus influents et stimulants au Québec valorisent spécifiquement une expertise locale profonde. Les carrières dans la haute fonction publique provinciale, les organismes culturels subventionnés, la gestion de la diversité culturelle, ou encore le développement économique régional ne sont pas seulement accessibles, elles sont conçues pour des gens qui comprennent la société québécoise de l’intérieur. Par exemple, l’Université TÉLUQ recherche activement des tuteurs capables de comprendre et d’accompagner les étudiants issus des diverses communautés culturelles du Québec dans leur parcours d’intégration et de réussite.
Rester au Québec, ce n’est pas renoncer à l’ambition. C’est choisir d’avoir un impact plus profond et plus significatif, en devenant un acteur clé du développement économique, social et culturel de la société qui a investi en vous.
À retenir
- La formation fondamentale (philo, littérature) n’est pas un savoir abstrait mais une méthode pour structurer la pensée, directement applicable à la résolution de problèmes en entreprise.
- La maîtrise de la rédaction et de la synthèse est la compétence la plus recherchée au niveau exécutif, car elle permet de traduire la complexité en décisions stratégiques claires.
- D’un point de vue pragmatique, chaque cours du tronc commun est un investissement crucial dans votre Cote R, qui conditionne votre accès aux programmes universitaires les plus prisés.
Pourquoi votre cerveau est-il la ressource naturelle la plus précieuse du Québec moderne ?
Le Québec a bâti sa prospérité sur ses ressources naturelles : le bois, l’eau, les minéraux. Mais l’économie du 21e siècle repose sur une ressource infiniment plus précieuse et renouvelable : le capital humain, l’intelligence collective, l’économie du savoir. Dans ce nouveau paradigme, votre cerveau, formé et aiguisé par une éducation complète, est la ressource naturelle la plus stratégique du Québec. Avec près d’un étudiant sur cinq inscrit dans des études supérieures de management au Québec, il est clair que la province mise sur ses futurs leaders pour piloter cette transition.
Une formation purement technique vous prépare à un emploi. Une formation fondamentale vous prépare à une carrière. Dans un monde où les technologies et les métiers changent à une vitesse fulgurante, la seule compétence durable est la capacité d’apprendre, de s’adapter et de réinventer. C’est exactement ce que développe votre formation générale. Elle vous rend « anti-fragile ».
Étude de cas : La formation générale comme capital anti-fragile
Le concept d' »anti-fragilité », popularisé par Nassim Nicholas Taleb, décrit ce qui se renforce face au chaos et à l’incertitude. Les programmes techniques québécois, en intégrant obligatoirement des cours de philosophie et de littérature, créent un capital humain unique. Contrairement à une formation purement technique qui devient obsolète au premier grand changement technologique (fragile), le diplômé québécois possède un socle de compétences transversales (pensée critique, communication, adaptabilité). Cette formation fondamentale lui permet non seulement de survivre aux changements, mais de s’en nourrir pour pivoter et se renforcer. Il ne sait pas seulement utiliser l’outil d’aujourd’hui, il a la capacité de comprendre, d’adopter et même de concevoir l’outil de demain.
En conclusion, chaque heure passée à débattre d’un texte de Rousseau ou à résoudre une équation n’est pas du temps perdu. C’est l’extraction et le raffinage de la ressource la plus précieuse du Québec : votre propre intelligence. En investissant dans votre formation fondamentale, vous ne faites pas que préparer votre propre avenir ; vous contribuez à bâtir le capital intellectuel sur lequel reposera la prospérité future de toute la société québécoise.
Votre parcours au Cégep est le moment idéal pour forger ces compétences. Ne le voyez pas comme une série de cours à passer, mais comme la construction de votre plus grand atout professionnel. L’étape suivante est d’intégrer consciemment cette perspective dans votre approche de chaque cours et de chaque lecture.