
Montréal n’est pas juste un lieu pour étudier l’IA ; c’est un écosystème conçu pour transformer les talents bruts en leaders mondiaux du domaine, grâce à une fusion unique entre recherche, industrie et éthique.
- L’admission dans des instituts comme le Mila requiert une stratégie double : sécuriser la supervision d’un chercheur et être admis dans une université partenaire.
- La force de l’écosystème réside dans la perméabilité entre les laboratoires (Mila, IVADO), les géants de la tech (Google) et les start-ups, créant un « gradient d’opportunités ».
- La maîtrise des mathématiques avancées est un prérequis non négociable, bien plus important que les intitulés marketing des programmes.
Recommandation : Pour vous positionner au sommet, ciblez les programmes à forte composante mathématique, développez un projet de recherche solide et utilisez les supergrappes comme Scale AI pour acquérir une expérience industrielle décisive.
Montréal est souvent citée comme l’un des épicentres mondiaux de l’intelligence artificielle, un titre largement mérité. La présence de sommités comme Yoshua Bengio, lauréat du prix Turing, et une constellation d’universités de renommée mondiale suffisent à attirer les regards. Cependant, pour l’étudiant en informatique ou en mathématiques qui vise l’élite technologique, ces faits ne sont que la surface. Se contenter de lister les institutions prestigieuses ou les chercheurs célèbres, c’est passer à côté de l’essentiel. C’est ignorer le moteur qui fait de cette ville une singularité planétaire.
La véritable force de Montréal ne réside pas dans ses composantes isolées, mais dans leur interaction systémique. La question n’est pas seulement « Où étudier ? », mais « Comment naviguer dans un écosystème où les frontières entre la recherche fondamentale, l’application industrielle et la réflexion éthique sont délibérément dissoutes ? ». La clé n’est pas de choisir entre une université, un laboratoire ou une entreprise, mais de comprendre comment tirer parti d’un système conçu pour la fluidité, un véritable gradient d’opportunités qui permet de passer de la théorie pure à l’impact concret.
Cet article n’est pas une brochure. C’est une déconstruction stratégique de l’écosystème montréalais. Nous analyserons les mécanismes d’admission au Mila, décoderons la demande pour des profils hybrides, et évaluerons les trajectoires de carrière. L’objectif est de vous fournir une feuille de route non pas pour étudier à Montréal, mais pour y devenir un architecte de la prochaine génération de l’IA.
Pour ceux qui préfèrent un format condensé, la vidéo suivante introduit les concepts fondamentaux du deep learning, le cœur technologique qui anime l’écosystème montréalais.
Ce guide est structuré pour vous accompagner pas à pas, de la préparation de votre candidature à votre positionnement stratégique au sein de l’industrie. Chaque section aborde une facette critique de cet écosystème unique, vous donnant les clés pour maximiser vos chances de succès.
Sommaire : Naviguer dans l’écosystème IA de Montréal
- Comment augmenter vos chances d’être admis au Mila auprès de Yoshua Bengio et son équipe ?
- Pourquoi les profils hybrides « Philo + Code » sont-ils de plus en plus recherchés par les géants de la Tech ?
- Google Brain ou Start-up : où faire votre stage pour apprendre le plus vite ?
- L’erreur de choisir un programme « IA » marketing qui ne contient pas de vrais cours de mathématiques avancées
- Quand négocier votre package d’entrée dans une industrie où les salaires juniors dépassent 100 000 $ ?
- Comment profiter des programmes de Scale AI pour devenir un expert en chaîne d’approvisionnement 4.0 ?
- VFX ou Animation 2D : quelle spécialisation offre les meilleurs salaires de départ au Québec ?
- Comment les supergrappes canadiennes créent-elles des emplois hybrides université-industrie pour les nouveaux diplômés ?
Comment augmenter vos chances d’être admis au Mila auprès de Yoshua Bengio et son équipe ?
Pénétrer le Mila, l’institut québécois d’intelligence artificielle, n’est pas une simple formalité universitaire. C’est un processus stratégique en deux temps qui demande une préparation méticuleuse. L’erreur commune est de se concentrer uniquement sur l’admission au programme de Master ou de doctorat de l’université partenaire (UdeM, McGill, Polytechnique, HEC Montréal). Or, l’étape la plus critique est distincte : l’obtention d’une supervision par un professeur du Mila. Ce processus se déroule via un formulaire de candidature spécifique, généralement ouvert sur une fenêtre très courte. Par exemple, il est fréquent que la période de candidature officielle du Mila s’étende du 15 octobre au 1er décembre pour une rentrée l’automne suivant.
Le processus est donc double : vous devez simultanément séduire un chercheur et répondre aux exigences académiques de l’université. La réponse du Mila, qui arrive typiquement entre février et avril, conditionne votre intégration réelle dans l’écosystème. Pour les candidats exceptionnels titulaires d’un baccalauréat (bachelor), il est même possible de viser directement un doctorat, à condition de pouvoir démontrer une expérience de recherche préalable substantielle. Cela signifie que la publication d’articles, la participation à des conférences ou des projets de recherche open-source ne sont pas des bonus, mais des prérequis pour se distinguer.
Le succès repose sur l’alignement. Avant même de rédiger votre lettre de motivation, vous devez avoir identifié les professeurs dont les travaux de recherche résonnent avec vos propres intérêts. Votre candidature doit démontrer que vous n’êtes pas seulement un étudiant brillant, mais un futur collaborateur qui comprend déjà les enjeux de leur domaine de recherche. C’est cet alignement qui transformera votre dossier de « candidat qualifié » à « recrue indispensable ».
Votre plan de match pour l’admission au Mila
- Identification stratégique (dès octobre) : Listez les professeurs du Mila dont les recherches correspondent à vos intérêts et à votre expérience.
- Candidature à la supervision (15 oct. – 1er déc.) : Soumettez le formulaire de supervision en ligne du Mila, en personnalisant votre projet de recherche pour les professeurs ciblés.
- Admissions parallèles : Postulez simultanément aux programmes d’études supérieures des universités partenaires (UdeM, McGill, etc.), en respectant leurs délais spécifiques.
- Démonstration de recherche (pour les candidats au PhD direct) : Mettez en avant vos publications, contributions à des projets open-source ou expériences en laboratoire pour prouver votre potentiel.
- Anticipation administrative : Dès la réception d’une offre d’admission, entamez immédiatement les démarches d’immigration (CAQ et permis d’études) pour éviter tout retard.
Pourquoi les profils hybrides « Philo + Code » sont-ils de plus en plus recherchés par les géants de la Tech ?
À Montréal, l’excellence en IA ne se mesure pas seulement à la complexité des algorithmes ou à la vitesse des GPU. Une nouvelle valeur, que l’on pourrait nommer la « conscience computationnelle », est devenue un différenciateur clé. Les géants de la technologie et les laboratoires de pointe ne cherchent plus seulement des codeurs virtuoses ; ils recherchent des architectes capables de réfléchir aux implications éthiques et sociales de leurs créations. C’est la fusion du philosophe et de l’ingénieur, un profil « Philo + Code » qui est désormais au cœur de la stratégie de développement responsable de l’IA.
Cet impératif n’est pas une simple tendance marketing. Il est incarné au plus haut niveau de l’écosystème montréalais. Yoshua Bengio lui-même est un ardent défenseur de cette approche. Comme le souligne son profil officiel, il ne se contente pas de faire avancer la science fondamentale. Il s’investit personnellement pour encadrer son développement. C’est une philosophie qui infuse tout l’écosystème.
Concerné par l’impact social de l’IA, Bengio a aidé à rédiger la Déclaration de Montréal pour le développement responsable de l’intelligence artificielle et continue de sensibiliser à l’importance d’atténuer les risques potentiellement catastrophiques associés aux futurs systèmes d’IA.
– Profil officiel Mila, Mila – Quebec Artificial Intelligence Institute
Cette dualité entre la maîtrise technique et la réflexion critique est de plus en plus valorisée. Dans un monde où les modèles d’IA peuvent générer des biais, influencer l’opinion publique ou automatiser des décisions critiques, la capacité à anticiper, analyser et mitiger ces risques n’est plus une compétence « soft », mais une expertise technique à part entière. Les entreprises qui déploient ces technologies à grande échelle ont compris que l’absence de cette conscience computationnelle représente un risque existentiel, tant sur le plan légal que pour leur image de marque. Un modèle performant mais non éthique est un échec technique.

Pour un futur diplômé, cela signifie que démontrer une sensibilité et une connaissance des enjeux éthiques de l’IA n’est plus optionnel. Participer à des groupes de lecture sur l’éthique de l’IA, contribuer à des projets visant à réduire les biais algorithmiques ou simplement être capable d’articuler une réflexion structurée sur ces sujets lors d’un entretien peut faire la différence entre être un bon candidat et être le candidat idéal. Votre valeur ne réside pas seulement dans votre capacité à coder, mais dans votre sagesse à savoir ce qu’il faut coder, et surtout, ce qu’il ne faut pas.
Google Brain ou Start-up : où faire votre stage pour apprendre le plus vite ?
La question du stage est cruciale et illustre parfaitement le « gradient d’opportunités » de Montréal. Le choix n’est pas simplement binaire entre un géant de la recherche comme Google Brain (maintenant Google DeepMind) et une jeune pousse agile issue de l’écosystème Mila/IVADO. Chaque option représente une position différente sur un spectre d’apprentissage et d’impact. Votre décision doit être guidée par un objectif clair : maximiser la vitesse d’apprentissage sur la dimension qui compte le plus pour vous à ce stade de votre carrière.
Un stage dans un laboratoire de recherche fondamentale comme celui de Google à Montréal vous plonge au cœur de la science pure. Vous serez entouré de chercheurs de classe mondiale et travaillerez sur des problèmes théoriques qui définiront peut-être l’IA de demain. L’impact sur un produit commercial est souvent indirect et à long terme, mais la profondeur de l’apprentissage technique est inégalée. À l’autre extrémité du spectre, une start-up en phase de démarrage vous offre une vitesse d’exécution et un impact direct. Votre code peut se retrouver en production en quelques semaines, et vous toucherez à toutes les facettes du cycle de vie d’un produit IA, du nettoyage des données au déploiement. L’apprentissage est pragmatique, rapide et orienté solution. Entre les deux se trouvent les scale-ups québécoises, où vous pouvez appliquer des techniques avancées à des problèmes concrets à grande échelle.
L’écosystème montréalais est unique par sa densité. Le fait que le Mila rassemble aujourd’hui plus de 140 professeurs affiliés et une myriade d’entreprises partenaires signifie que ces mondes ne sont pas cloisonnés. Il est courant de voir des chercheurs de Google donner des séminaires au Mila ou de voir des fondateurs de start-ups mentorer des étudiants de doctorat. Cette perméabilité vous permet de construire un réseau professionnel exceptionnellement riche, quelle que soit votre option de stage.
Le tableau suivant synthétise les arbitrages à considérer pour orienter votre choix au sein de cet écosystème foisonnant.
| Critère | Google Brain Montréal | Start-up Mila/IVADO | Scale-up québécois |
|---|---|---|---|
| Vitesse d’apprentissage technique | Élevée (recherche fondamentale) | Très élevée (projets variés) | Élevée (problèmes appliqués) |
| Réseau professionnel | International | Écosystème québécois dense | Hybride local/international |
| Impact sur le produit | Indirect | Direct et immédiat | Direct à grande échelle |
| Qualité du mentorat | Chercheurs de classe mondiale | Entrepreneurs expérimentés | Mix recherche/industrie |
L’erreur de choisir un programme « IA » marketing qui ne contient pas de vrais cours de mathématiques avancées
L’engouement mondial pour l’intelligence artificielle a provoqué une explosion de programmes universitaires se réclamant de l’IA. Cependant, pour un esprit technique visant l’élite, l’erreur la plus coûteuse est de se laisser séduire par un intitulé marketing sans en inspecter la fondation : les mathématiques. Un véritable programme d’apprentissage profond n’est pas une collection de tutoriels sur TensorFlow ou PyTorch ; c’est une plongée rigoureuse dans les mécanismes mathématiques qui sous-tendent ces outils. Sans cette base, vous ne serez qu’un utilisateur de boîtes noires, incapable d’innover ou de résoudre des problèmes non standards.
L’écosystème montréalais, forgé par des théoriciens, valorise cette rigueur. Un programme de qualité supérieure ne se contente pas d’effleurer les concepts. Il exige une maîtrise profonde de domaines spécifiques. Comme le précise la description du cours d’introduction à l’apprentissage profond co-organisé par IVADO et Mila, la fondation mathématique n’est pas une option. Il est explicitement indiqué qu’il est fortement recommandé aux participants d’avoir une compréhension des concepts de base en mathématique et en informatique avant même de commencer. Cette recommandation est un euphémisme ; c’est un prérequis absolu pour survivre et prospérer.
Il est fortement recommandé aux participants d’avoir une compréhension des concepts de base en mathématique (algèbre linéaire, calcul différentiel) et en informatique (notion d’algorithmique récursive).
– IVADO et MILA, Cours Introduction à l’apprentissage profond
Lorsque vous évaluez un Master ou un doctorat, ignorez les brochures et disséquez le curriculum. La présence des cours suivants est un signal fort de la qualité et de la profondeur théorique du programme :
- Algèbre linéaire pour l’apprentissage machine : Au-delà des matrices, cela inclut la décomposition en valeurs singulières (SVD), les valeurs et vecteurs propres, et leur application aux techniques de réduction de dimensionnalité.
- Calcul différentiel et optimisation numérique avancée : La maîtrise de la rétropropagation du gradient n’est que le début. Un programme sérieux couvrira les méthodes d’optimisation du second ordre, l’optimisation convexe et non-convexe.
- Modèles graphiques probabilistes : Comprendre les réseaux bayésiens et les champs aléatoires de Markov est essentiel pour modéliser l’incertitude.
- Théorie de l’information et statistiques bayésiennes : Des concepts comme l’entropie, l’information mutuelle et l’inférence bayésienne sont fondamentaux pour comprendre le fonctionnement interne des modèles.
- Algorithmique récursive et complexité computationnelle : Analyser l’efficacité d’un algorithme est aussi important que de le concevoir.
Choisir un programme basé sur sa rigueur mathématique est le premier investissement stratégique de votre carrière. C’est ce qui vous donnera la capacité de lire, comprendre et critiquer les derniers articles de recherche, et surtout, de contribuer vous-même à l’avancement du domaine.
Quand négocier votre package d’entrée dans une industrie où les salaires juniors dépassent 100 000 $ ?
Entrer dans l’industrie de l’IA à Montréal, c’est accéder à un niveau de rémunération qui défie les normes du marché du travail québécois. Alors que les données de l’Institut de la statistique du Québec indiquent que le salaire moyen au Québec s’établit à 60 909 $ pour les employés gouvernementaux en 2024, il n’est pas rare pour un nouveau diplômé d’un programme d’IA de pointe de se voir offrir un salaire de base dépassant les 100 000 $. Cette distorsion crée une dynamique de négociation unique. La question n’est plus « si » vous devez négocier, mais « quand » et « quoi » négocier.

La négociation ne commence pas à la réception de la première offre. Elle commence dès que vous avez une proposition concurrente ou un levier tangible. Le meilleur moment pour négocier est lorsque vous avez une offre ferme d’une autre entreprise de calibre équivalent. Cela transforme la conversation d’une simple demande à une décision commerciale pour l’employeur. Cependant, dans un écosystème aussi dense que celui de Montréal, le levier peut aussi être une admission à un programme de doctorat prestigieux ou une publication majeure acceptée dans une conférence de premier plan (NeurIPS, ICML, etc.). Ces éléments signalent une valeur qui dépasse votre simple statut de « junior ».
De plus, la négociation ne doit pas se limiter au salaire de base. Dans le secteur technologique, la rémunération globale est un package. Il faut analyser chaque composante :
- Actions ou RSU (Restricted Stock Units) : Pour les start-ups comme pour les géants de la tech, c’est une part cruciale de la compensation. Négocier le nombre d’unités ou un calendrier d’acquisition accéléré peut être plus lucratif à long terme que quelques milliers de dollars sur le salaire.
- Bonus de signature (Signing Bonus) : Un montant forfaitaire versé à l’embauche. C’est souvent l’élément le plus flexible pour un employeur.
- Bonus de performance : Comprendre comment il est calculé et quels sont les objectifs à atteindre est essentiel.
L’analyse de l’ISQ révèle que la rémunération totale (incluant avantages sociaux) est un facteur clé. Dans le secteur privé de la tech, même si les avantages sociaux peuvent sembler inférieurs à ceux du secteur public, la part variable (actions, bonus) peut faire exploser la compensation totale. La clé est de négocier avec une vision complète de votre valeur et de la structure de rémunération de l’industrie, pas seulement sur la base d’un chiffre unique.
Comment profiter des programmes de Scale AI pour devenir un expert en chaîne d’approvisionnement 4.0 ?
Au-delà des laboratoires de recherche pure, l’une des forces cachées de l’écosystème montréalais est sa capacité à projeter l’IA dans des secteurs industriels critiques. Scale AI, la supergrappe d’innovation canadienne dédiée à l’intelligence artificielle et aux chaînes d’approvisionnement, est le principal vecteur de cette synergie. Pour un étudiant en IA, s’engager dans les programmes de Scale AI est une voie royale pour devenir un expert très recherché en « Supply Chain 4.0 », un domaine où l’optimisation algorithmique a un impact économique direct et massif.
Profiter de cette opportunité demande une approche structurée. Il ne s’agit pas simplement de postuler à un programme, mais de construire un parcours qui combine formation académique de pointe et expérience industrielle pertinente. Voici les étapes clés pour utiliser Scale AI comme un véritable accélérateur de carrière :
- Intégrer un programme affilié : La porte d’entrée est un Master ou un PhD en IA dans une institution partenaire comme celles affiliées au Mila ou à IVADO.
- Cibler les bourses Scale AI : Ces bourses, souvent administrées par les universités, offrent non seulement un soutien financier, mais vous identifient comme un talent à haut potentiel dans ce domaine spécifique.
- Participer à des projets de recherche industrielle : Scale AI finance de nombreux projets collaboratifs entre universités et entreprises. S’impliquer dans l’un d’eux est l’occasion d’appliquer vos compétences à des problèmes réels.
- Obtenir un stage co-financé : La supergrappe facilite les stages dans des entreprises partenaires, qui peuvent aller du Port de Montréal à des géants de la logistique. C’est une expérience inestimable.
- Utiliser l’expérience comme tremplin : Un stage réussi ou une contribution significative à un projet Scale AI est souvent une voie rapide vers un poste permanent, votre expertise étant déjà validée par l’industrie.
Ce modèle de financement est particulièrement attractif car il est intrinsèquement lié à des résultats concrets. Comme le souligne la FAQ du Mila, cette approche est souvent préférée par les étudiants. L’expérience acquise est double : vous contribuez à la fois à une publication scientifique et à la résolution d’un problème industriel concret.
Le financement de recherche est généralement lié à des projets de recherche industrielle qui mènent souvent à des publications. La plupart des étudiants trouvent cet arrangement préférable à certains arrangements dans d’autres universités.
– Mila FAQ, Mila – Quebec Artificial Intelligence Institute
En suivant cette trajectoire, vous ne devenez pas seulement un expert en apprentissage profond, mais un spécialiste de son application dans l’un des domaines les plus complexes et les plus importants de l’économie moderne. C’est un positionnement de carrière extrêmement puissant.
VFX ou Animation 2D : quelle spécialisation offre les meilleurs salaires de départ au Québec ?
Cette question, bien que pertinente pour l’industrie créative montréalaise, est mal posée dans le contexte de l’apprentissage profond. La véritable opportunité pour obtenir les salaires les plus élevés ne réside pas dans le choix entre VFX et Animation 2D, mais dans la capacité à injecter une expertise en deep learning au cœur de ces industries. Montréal, qui abrite à la fois une industrie créative de classe mondiale et ce que Mila détient actuellement, la plus grande concentration mondiale de chercheurs académiques en deep learning, est le seul endroit où cette convergence est aussi explosive.
Les studios de VFX et d’animation sont confrontés à des défis computationnels immenses : rendu photoréaliste, simulation de fluides, animation de personnages, rotoscopie, etc. Traditionnellement, ces tâches nécessitent des milliers d’heures de travail manuel ou des algorithmes de rendu extrêmement coûteux. C’est précisément là que l’expertise du Mila en vision par ordinateur et en modèles génératifs devient un avantage compétitif démesuré. Les compétences en modélisation du langage, reconnaissance d’objets et, surtout, en modèles génératifs (comme les GANs ou les modèles de diffusion) sont directement applicables pour automatiser et améliorer ces processus.
Synergie Mila-VFX : la création de valeur par le deep learning
L’expertise du Mila en modèles génératifs a des applications directes pour l’industrie des effets visuels. Par exemple, un chercheur spécialisé dans les réseaux antagonistes génératifs (GANs) peut développer des outils pour créer des textures ultra-réalistes, vieillir ou rajeunir des visages d’acteurs de manière photoréaliste, ou encore générer des environnements virtuels complexes à partir de simples esquisses. Ces compétences, issues de la recherche fondamentale en IA, créent une valeur immense pour les studios, justifiant des salaires bien supérieurs à ceux des artistes numériques traditionnels.
Par conséquent, la spécialisation la plus lucrative n’est ni « VFX » ni « Animation 2D ». C’est une spécialisation hybride : « Chercheur en IA appliquée aux arts numériques ». Un diplômé capable de concevoir un nouveau modèle de diffusion pour améliorer la coloration (color grading) ou d’utiliser le traitement du langage naturel pour générer des animations faciales à partir d’un script audio possède une valeur marchande bien plus élevée. Votre objectif ne doit pas être de devenir le meilleur artiste VFX, mais de devenir la personne qui rend le travail de 100 artistes VFX plus rapide et de meilleure qualité grâce à l’IA.
À retenir
- La clé du succès au Mila est une stratégie double : sécuriser une supervision de recherche en parallèle de l’admission universitaire.
- La force de Montréal est la synergie et la perméabilité entre recherche, start-ups et grands groupes, créant un « gradient d’opportunités » unique.
- La maîtrise des mathématiques avancées (algèbre, calcul, probabilités) est le socle non négociable de toute formation sérieuse en IA, bien au-delà des outils logiciels.
Comment les supergrappes canadiennes créent-elles des emplois hybrides université-industrie pour les nouveaux diplômés ?
L’écosystème montréalais a institutionnalisé ce qui reste un idéal ailleurs : la dissolution des murs entre le monde académique et l’industrie. Les supergrappes canadiennes, comme Scale AI, ne sont pas de simples bailleurs de fonds ; elles sont les architectes d’une « supergrappe neurale » où l’information, les talents et les ressources circulent librement. Pour un nouveau diplômé, cela se traduit par l’émergence d’emplois hybrides, des rôles qui n’existent nulle part ailleurs avec une telle intensité et qui combinent le meilleur des deux mondes.

Ces rôles hybrides se manifestent de plusieurs manières. Il peut s’agir d’un doctorant dont la recherche est directement financée par une entreprise via une supergrappe, lui permettant de publier des articles tout en résolvant un problème industriel concret. Il peut s’agir d’un « chercheur en résidence » au sein d’une entreprise, qui consacre une partie de son temps à la recherche exploratoire. L’infrastructure même de l’écosystème est conçue pour cette collaboration. Comme le souligne le Mila, les ressources ne sont pas cloisonnées : un étudiant a accès non seulement aux GPU de l’institut, mais aussi aux infrastructures de calcul partagées à l’échelle du Québec et du Canada. Cette mutualisation est le fondement matériel de la collaboration.
Un autre mécanisme puissant est la perméabilité des programmes académiques eux-mêmes. Grâce au programme du Bureau de coopération interuniversitaire (BCI), un étudiant inscrit à l’Université de Montréal peut suivre des cours spécialisés à McGill, HEC ou Polytechnique. Cela permet de construire un curriculum « à la carte », parfaitement aligné avec les besoins d’un rôle hybride spécifique. Vous pouvez, par exemple, combiner un cours de pointe sur les transformeurs à McGill avec un séminaire sur la logistique à HEC, créant ainsi un profil unique pour l’industrie de la chaîne d’approvisionnement 4.0. Cette flexibilité est un avantage concurrentiel majeur, car elle vous permet de devenir un « traducteur » expert, capable de comprendre le langage de la recherche fondamentale et de l’appliquer aux contraintes du monde des affaires.
Ces emplois hybrides sont l’aboutissement logique du modèle montréalais. Ils offrent une stimulation intellectuelle proche de celle du monde académique, tout en garantissant un impact concret et une rémunération attractive propres à l’industrie. Ils représentent la matérialisation du « gradient d’opportunités » : une carrière fluide où l’on n’a plus à choisir entre être chercheur ou ingénieur, mais où l’on peut être les deux à la fois.
Pour mettre en pratique ces conseils et vous tailler une place au sein de cet écosystème d’élite, l’étape suivante consiste à évaluer en profondeur les programmes et les chercheurs qui correspondent à votre vision et à commencer à construire votre dossier de recherche dès maintenant.